Les grands témoins

Vous trouverez dans cette rubrique des compléments d’information sur le peuple Pygmée AKA. Cette page vous permettra de mieux les connaitre.


Les pygmées, petit peuple des forêts

LE MONDE  24.03.06 - BANGUI (République Centrafricaine) ENVOYÉ SPÉCIAL

 


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Le territoire des Pygmées commence donc au-delà de la Lobaye, affluent majestueux et paisible du fleuve Oubangui, qui coule en direction du sud. Pas de route, pas de piste de latérite chez eux, mais des sentiers imprévisibles qui serpentent au coeur de la forêt primaire, d'un campement à l'autre, d'une hutte à une clairière. Ils empruntent des cours d'eau, se confrontent avec des marigots boueux, butent sur des troncs d'arbres prodigieux de taille... Parcourir ces pistes avec, à quarante ou cinquante mètres au-dessus de sa tête, les frondaisons d'arbres géants, c'est se croire transporté dans Indiana Jones. Le chiffre prête à sourire s'agissant d'un peuple de nomades qui vit en marge du pays officiel, et du monde tout court. Aucun Aka ne connaît son âge. Aucun ne sait que leurs traditions orales leur valent de faire partie depuis peu du "patrimoine immatériel de l'humanité".

Partager ne serait-ce que quelques jours la vie des Aka, s'enfoncer dans la forêt en compagnie d'un pisteur interprète et de porteurs véloces, bivouaquer d'un campement à un autre, c'est d'abord remonter le temps vers des périodes incertaines. Non pas que les Pygmées vivent comme leurs ancêtres.de plastique. Ils ont troqué les arcs et les arbalètes (exposés à l'unique musée de Bangui) contre des fusils artisanaux. De la ville, ils ont appris l'usage de quelques ustensiles de cuisine, du savon et des cigarettes. Il arrive même que, dans quelques campements, un méchant poste de radio grésille du matin au soir. Peut-être a-t-il été laissé en cadeau par l'un des pasteurs baptistes qui, venus de l'autre rive de la Lobaye, se hasardent, de temps en temps, en bordure de la forêt pour porter la bonne parole à des Pygmées ouverts à toutes les religions.

Mais l'essentiel de la culture pygmée demeure. Elle gravite autour de la forêt, dont les Aka sont inséparables. Leur connaissance du monde des arbres stupéfie. Ils savent que de telle liane - mozambi, en langue pygmée - tranchée d'un coup de machette jaillira un filet d'eau fraîche. Ils montrent telle écorce qui guérit les brûlures d'estomac, telle autre qui, laissée à macérer dans l'eau, soulage les femmes aux règles douloureuses. Lorsque dans un campement un jeune homme aura été mordu par un serpent, il ne faudra pas longtemps à un Pygmée pour dénicher la feuille d'arbre qui guérit une fois appliquée contre la plaie. A condition d'intervenir rapidement, elle soigne également les piqûres de scorpion, jure un Aka aux incisives soigneusement limées.

De la forêt, les Pygmées savent tirer parti. Elle protège de l'extérieur, nourrit, distrait. Deux branches de palmier, et les porteurs tressent en un tournemain une sorte de sac à dos rigide capable d'accepter quarante kilos de marchandises. Une saignée dans un tronc de paka, et de la résine s'écoule qui fera office de bougie. Avec les bambous, ils font des pipes à tabac ; avec les écorces de certaines essences d'arbres, ils déroulent des tapis de sol ; et avec les feuilles, ils enveloppent les huttes où ils vivent. Etonnantes huttes ! Petites de taille - adaptées en fait à celle des Pygmées -, les mongulu sont faites d'une armature de fines tiges courbées en forme de demi-sphère et plantées dans le sol, sur laquelle sont posées de larges feuilles. Des cordelettes d'écorce maintiennent la structure d'ensemble. Construire la hutte est un travail de femme.

Les Aka vivent de la chasse, de la cueillette et d'un semblant d'agriculture. La chasse surtout les passionne, qu'ils pratiquent de bon matin avec un de leurs fils, parfois armés de sagaies. Mais ils savent aussi poser des collets rudimentaires en bordure des sentiers où viennent se prendre des de porcs-épics, pister des antilopes, débusquer un crocodile dans un marigot. Dans tous les cas, la viande sera boucanée avant d'être cuisinée.

L'agriculture les attire moins. Les hommes la pratiquent de façon rudimentaire. Ils se contentent des tubercules de taros ou d'ignames, des pousses de bananiers et du manioc. 

Dans leur campement de fortune, où les handicapés et les ventres ballonnés sont nombreux, les Aka rêvent de progrès, de vie meilleure. Ce qu'ils aimeraient c'est avoir des médicaments - preuve des limites de la médecine traditionnelle -, pouvoir se procurer des produits modernes - comme les lames de rasoir, les machettes, le riz, le sucre... - sans devoir aller dans une grande ville, voir une école s'installer à proximité. Et, pour certains, lui voir accoler une église protestante.

© Jean-Pierre Tuquoi


Voici quelques reportages édifiants sur la vie des pygmées.

Les pygmées, peuple en voie d'extinction" 

Les Pygmées, peuple en voie d?extinction

Reportage de France 24 sur les Pygmées d'Afrique Centrale (Bassin du Congo, Centrafique)

 

La saison des chenilles chez les pygmées

La saison des chenilles chez les Pygmées

Extrait d'ARTE découverte du 20.10.2004

Date de dernière mise à jour : 24/03/2022

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